Judith
Butler, Vers la cohabitation – Judéité et
critique du sionisme, Fayard, 2013
Médiapart, 26/12/13.
Dans son dernier essai, Vers la cohabitation –
Judéité et critique du sionisme, Judith Butler poursuit une réflexion
politique et éthique développée de manière explicite par certains de ses
livres antérieurs mais qui traverse en fait l’ensemble de sa recherche. La
question du pouvoir et de la transformation des relations de pouvoir est
présente dès son premier livre traduit en français (La vie psychique du pouvoir), mais aussi dans le plus célèbre Trouble dans le genre, où la réflexion
sur la construction du genre est inséparable d’une logique politique :
qu’est-ce que le genre et comment agir sur les relations de genre pour modifier
les relations de pouvoir qu’elles impliquent ? Ce serait peut-être la
question générale du travail de Judith Butler : comment s’exerce le
pouvoir et comment agir sur les relations de pouvoir ? Il s’agirait de
mettre au jour certains des mécanismes du pouvoir que nous subissons, mais
surtout d’accompagner les résistances à ces mécanismes, l’analyse théorique
n’étant pas ici séparée de la capacité d’agir.
Dans
Vers la cohabitation, cette réflexion
et ses dimensions pratiques concernent les relations israélo-palestiniennes,
relations de pouvoir évidemment conflictuelles et violentes. Une des questions
qui guident ce livre regarde la possibilité d’une critique qui ne serait pas
antisémite de la politique israélienne à l’égard des Palestiniens. Si certaines
des critiques faites à l’encontre de cette politique s’appuient sur des idées
effectivement antisémites, l’Etat israélien lui-même affirme sur ce point un
discours assimilant toute dénonciation à une position antisémite. Un des enjeux
de ce livre est donc de fonder la possibilité d’une critique de la politique
israélienne qui ne serait pas antisémite et s’appuierait au contraire sur un
certain nombre de penseurs juifs ainsi que sur l’histoire, la culture et la
pensée juives : « […] il existe
des ressources juives susceptibles d’être mobilisées pour une critique de la
violence d’Etat, une critique de l’assujettissement colonial des populations,
de l’expulsion et de la dépossession ». Il s’agit pour l’auteur de
réfléchir aux conditions de possibilité d’une cohabitation entre Israéliens et
Palestiniens, aux conditions qui pourraient rendre une telle cohabitation
pensable et possible – la question de cette cohabitation incluant, dans ce
livre, une réflexion plus large de philosophie politique.
Judith
Butler – elle-même en partie formée par la culture juive – mobilise des
penseurs et écrivains tels qu’Hannah Arendt, Emmanuel Levinas, Primo Levi,
Martin Buber, Franz Kafka, Walter Benjamin, Franz Rosenzweig, mais aussi des
auteurs non juifs comme Edward Saïd ou Mahmoud Darwich. Si tous ces auteurs ont
vis-à-vis du sionisme ou de la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens
des positions différentes et parfois opposées, il s’agit pour Butler d’analyser
leurs œuvres pour y trouver ce qui rendrait pensable et légitime, dans une
perspective juive (mais pas uniquement), la cohabitation entre Israéliens et
Palestiniens. L’originalité de ce livre est de penser la légitimité de la
cohabitation, de la poser comme un droit et donc un devoir, en recherchant des
arguments chez des penseurs juifs ou non mais qui permettent de concevoir la
judéité et ce qu’elle inclut, du point de vue éthique, politique et subjectif,
au sujet du rapport à soi et à l’autre. Judith Butler montre ainsi que la
cohabitation entre Israéliens et Palestiniens ne serait pas réductible à un
fait, à une simple option politique, ni même à la meilleure solution possible,
mais qu’il s’agit, du point de vue de la judéité, d’un droit et d’un
devoir : un droit à reconnaître et un devoir à respecter pour les Juifs en
tant que Juifs (« la judéité doit
rester liée à la lutte pour la justice sociale »).
Les
interrogations sur le sionisme ne datent pas d’aujourd’hui et Vers la cohabitation rappelle les
positions contrastées, parfois réservées, voire critiques, de certains penseurs
juifs vis-à-vis du projet sioniste, et ceci dès l’origine. Si Butler, en
privilégiant certains d’entre eux, retrace dans ses grandes lignes l’histoire
des critiques juives du sionisme, analysant leur complexité et leurs présupposés,
c’est d’abord pour mettre en évidence le caractère problématique de ce projet
d’un point de vue non pas extérieur mais juif. Le sionisme serait une position
non évidente pour les Juifs eux-mêmes, avant de l’être pour des non Juifs aux
intentions éventuellement antisémites. Ce rappel est important pour au moins
trois raisons : il permet de s’appuyer sur une pensée critique juive du
sionisme, de développer un point de vue critique de la politique israélienne à
l’égard des Palestiniens sans rejeter toute attache avec la judéité ; il
met en évidence que n’existe pas un unique discours juif concernant le rapport
aux Palestiniens ou la question d’un Etat israélien, mais que cette question et
ce rapport sont l’objet de discours pluriels, divergents, contrairement à ce
que pose le point de vue antisémite essentialisant ; il met en évidence le
caractère infondé et dangereux du discours de l’Etat israélien qui, en
présupposant que toute critique de sa politique à l’égard des Palestiniens est
par définition antisémite, à la fois occulte l’histoire et la pensée réelles
juives mais utilise lui-même la fiction d’un seul discours nécessaire, d’une
seule position juive légitime, retrouvant sur ce point une homologie avec ce
qu’il dénonce, à savoir l’essentialisme antisémite.
Judith
Butler montre que le rapport aux non Juifs peut d’autant moins être l’objet
d’un discours unique et unilatéral que ce rapport, la question de ce rapport et
de ses modalités, sont constitutifs de la judéité. La réalité diasporique de
l’histoire juive implique que les subjectivités juives soient indissociables du
rapport aux non Juifs : être Juif ne se distingue pas de la nécessité
d’être avec l’autre, de vivre avec l’autre, à l’intérieur d’une cohabitation
nécessaire, sans cesse à repenser et à produire. L’identité juive est fendue en
son centre puisqu’elle implique toujours le rapport au différent, à ce qui
n’est pas soi, être Juif ne pouvant se penser qu’à partir d’une prise en compte
déstabilisante de l’autre, d’un accueil de cet autre comme condition de soi,
d’une forme de responsabilité vis-à-vis de l’autre. Il est bien question de
penser la possibilité d’une éthique et d’une politique (les deux étant
indissociables) élaborées du point de vue d’une judéité débarrassée du
nationalisme de l’Etat israélien, une éthique et une politique impliquant la
cohabitation, c’est-à-dire « une vie
commune façonnée ensemble ».
Butler,
ici, croise des préoccupations qui traversaient déjà certains de ses livres, à
savoir élaborer les conditions d’une éthique et d’une politique inclusives,
penser une « éthique de la
dissémination » (au sens de Derrida), « un mode d’existence dans lequel l’altérité est constitutive de ce que
l’on est », ce qui appelle l’accueil de l’autre, une politique de
l’hospitalité (dans un sens, là encore, proche de Derrida). Rattachée à ceci,
on retrouve la question centrale de l’identité et du pouvoir, l’analyse de la
production d’identités nécessaires à un certain type de rapport de pouvoir –
l’identité juive produite par l’Etat israélien ou, dans Trouble dans le genre, l’identité de la femme et de l’homme
produite par l’hétérosexisme, ou l’identité de l’ennemi dans Ce qui fait une vie, etc. –, mais
surtout la déconstruction des identités (« l’identité
ne revient jamais pleinement à elle-même »), la mise en évidence de
leurs présupposés, des rapports de pouvoir qui les produisent, de leur
caractère relationnel, relatif et ouvert : des identités toujours
produites à l’intérieur de rapports, inséparables du non identique et donc toujours
précaires, provisoires, questionnables.
S’il
s’agit, pour Judith Butler, de penser une judéité distincte du sionisme (ce qui
ne revient pas du tout à faire la promotion de l’idée antisémite d’une
disparition d’Israël), il s’agit aussi de montrer en quoi les termes du conflit
israélo-palestinien renvoient à des questions et problèmes constitutifs de la
judéité qui permettraient de penser ce conflit et la légitimité de la
cohabitation : la question du rapport à l’autre, la question de la frontière,
celle de l’identité ou de la cohabitation, ainsi que la reconnaissance des
obligations éthiques et des droits et devoirs politiques impliqués par la
judéité, font partie de ce que, selon Butler, signifie être Juif. Vouloir
penser ce conflit en occultant ce que la judéité implique comme éthique de
l’altérité et comme politique inclusive est au contraire le propre du sionisme
nationaliste de l’Etat israélien : penser que la judéité et les conditions
de l’identité juive ne sont possibles qu’à la condition de nier l’autre, de l’exclure,
voire de l’opprimer – comme cela est le cas dans la violence politique,
sociale, économique et militaire subie par les Palestiniens – revient non
seulement à imposer à l’autre une souffrance que l’on espère ainsi, mais en
vain, s’épargner, mais aussi à confisquer les termes de la judéité pour les
rabattre sur ceux d’un Etat-nation militaire et guerrier, niant par là même, de
manière violente, l’histoire juive et ses implications éthiques, politiques et
subjectives. Pour Butler, il s’agit au contraire de « défaire l’association […] entre l’Etat d’Israël et le peuple juif,
voire les valeurs juives », de remettre « en cause le droit de l’Etat d’Israël à parler au nom des valeurs
juives, voire du peuple juif » – cette dissociation étant non
seulement une condition d’une critique juive de l’Etat israélien mais surtout
de la paix.
Butler
trouve chez les auteurs qu’elle mobilise les moyens de développer toutes ces
questions et perspectives ainsi que leurs implications. C’est le cas, par
exemple, avec Hannah Arendt, dont le rapport à Israël et la position critique à
l’égard du sionisme sont longuement analysés : « Pour Arendt […] nous n’avons pas le droit de choisir avec qui cohabiter
sur terre. La population de la Terre, par sa diversité, nous précède toujours
[…]. Il n’est pas de fraction de la population qui puisse, pour elle-même,
revendiquer la Terre. Revendiquer cela équivaut à initier une politique
génocidaire. Cela signifie que la proximité non voulue et la cohabitation non
choisie sont les conditions préalables à notre existence politique, ce qui
fonde la critique arendtienne de l’Etat-nation (qui suppose une nation
homogène) et implique l’obligation de vivre sur terre dans le cadre d’un régime
politique qui établisse des formes d’égalité pour une population nécessairement
hétérogène ». Vouloir choisir avec qui cohabiter, revendiquer la Terre
pour soi, est ce qu’a fait le nazisme et entre dans la définition du crime nazi
indissociable aujourd’hui de la judéité : comment se penser Juif
aujourd’hui sans avoir conscience d’appartenir à une population que l’on a
voulu exterminer, à laquelle a été refusée la possibilité de vivre parmi les
autres, que l’on a dépossédée de tout jusqu’à vouloir la déposséder de son
existence? Si l’histoire n’enseigne rien, elle est pourtant l’occasion d’une
définition de soi, d’une conscience de ses droits mais aussi de ses devoirs
(« implique l’obligation »),
qui ici ne sont pas fondés abstraitement mais à partir d’une situation constitutive. La judéité est
indissociable de ses conditions historiques et le rapport à la Shoah impliqué
par la judéité implique lui-même une éthique de l’altérité, une politique de
l’hospitalité et de la responsabilité, la reconnaissance de l’obligation
éthique et politique de la cohabitation.
Autrement
dit, si la formule « Plus jamais ça » a un sens lorsqu’elle est
appliquée à soi, elle ne peut avoir réellement de sens que si elle vaut
également pour l’autre. Si la conscience de la Shoah est constitutive des
subjectivités juives – comme elle devrait l’être des subjectivités non juives –
cette conscience de l’expropriation, de la déportation et de la solution finale
devrait ouvrir à la reconnaissance de soi mais aussi de l’autre comme ne devant
pas être l’objet d’une expropriation, d’une déportation, d’une politique
meurtrière (Butler, via Arendt,
rejoignant ici les critiques classiques de la notion de « droit du plus
fort » et certains aspects des théories du contrat social). C’est cette
reconnaissance que, selon Butler, l’Etat israélien exclut, c’est précisément de
cette reconnaissance dont sont exclus les Palestiniens – exclusion qui est donc
illégitime du point de vue du droit politique autant qu’elle est en
contradiction avec ce qui serait une position éthique juive consciente
d’elle-même (sur ce point Butler relève et critique d’étranges formulations de
Levinas).
Même
si « à Gaza […] les conditions de
vie sont mutilées et paupérisées, calquées sur le modèle concentrationnaire »,
il ne s’agit évidemment pas de justifier une identification entre Israël et le
nazisme, identification historiquement non opératoire, politiquement stérile,
et qui est une des stratégies actuelles de l’antisémitisme. Au contraire,
mettre en évidence, comme Butler ne cesse de le faire, la distinction entre la
judéité et le sionisme nationaliste, entre une éthique juive réelle et
l’Etat-nation israélien, évite les présupposés de l’antisémitisme et permet
l’analyse critique des fondements actuels de la politique israélienne à l’égard
des Palestiniens, la déconstruction des discours nationalistes israéliens, la
mise en évidence, dans une perspective juive, de l’obligation éthique et
politique de la cohabitation entre Israéliens et Palestiniens.
On
l’aura compris, dans ce livre Judith Butler analyse de manières multiples et
riches la violence inhérente à l’Etat-nation israélien et son décalage par
rapport à la judéité, manières que nous ne pouvons ici qu’évoquer. Par exemple,
en s’appuyant sur l’œuvre de Primo Levi, Butler montre la façon dont cet Etat
se rapporte à la Shoah pour justifier sa propre violence et produire des
subjectivités qui ne peuvent que vouloir cette violence, pour produire une
identité juive qui ne peut se poser que contre l’autre. Dans cette optique, la
Shoah apparaît instrumentalisée, disparaissant comme événement absolu de
l’histoire juive – et mondiale – pour n’être plus qu’un moyen au service d’une violence militaire et politique.
A
travers une analyse fine des écrits du même auteur, Butler met également en
évidence la façon dont le souvenir de la Shoah sans cesse réactivé par l’Etat
israélien, la façon dont le traumatisme de la Shoah omniprésent dans le
discours politique israélien, produisent des subjectivités se définissant par
un traumatisme qui ne renvoie pas un à objet actuel, des subjectivités vivant
au présent un traumatisme sans référent présent et percevant ce présent, de
manière quasi-hallucinatoire, à travers un souvenir qui non seulement occulte
la réalité de l’événement passé, la mémoire de cet événement, mais rejoue au
présent les conditions de ce traumatisme en produisant incessamment la figure
de l’ennemi auquel s’opposer et contre lequel se défendre : « nous pouvons voir se manifester sur les deux
bords du débat politique en Israël une certaine instrumentalisation stratégique
[…] qui vise à produire une accusation qui soit paralysante. Le moyen discursif
par lequel l’Holocauste est réinvoqué est une façon, précisément, de réactiver
la douleur associée à cette réitération même, et d’instrumentaliser cette
réitération et cette douleur à d’autres fins. La question est de savoir si
cette réitération, instrumentalisée à des fins politiques, n’a pas pour
conséquence de déplacer la douleur (de combler l’écart historique entre le
présent et le passé) et d’abandonner le référent lui-même ». L’Etat
israélien produirait un oubli de la Shoah en tant qu’événement réel, un oubli
des millions d’individus juifs réellement déportés, gazés et brûlés, coupant
par là la judéité de son référent contemporain central.
La
critique et la déconstruction du discours politique israélien menées par Judith
Butler implique donc une critique de la représentativité de l’Etat israélien,
de sa capacité à incarner une identité juive, la question étant alors :
comment, en tant que Juif, peut-on se reconnaître dans l’Etat-nation israélien ?
Le livre de Butler développe ainsi une critique de l’Etat-nation, de l’identité
nationale et nationaliste, mais cette critique en implique également d’autres,
des élaborations conceptuelles originales concernant l’histoire, les minorités,
la mémoire, le témoignage, ou les notions de frontière, de territoire,
d’universalité, de vie, d’hétérogénéité, de traduction, etc. – comme elle
implique la mise en avant de « personnages » habituellement laissés
dans l’ombre par le discours et les mécanismes du pouvoir : l’apatride, le
vaincu, le déporté… Ainsi, est mobilisé, examiné et redistribué tout un contenu
philosophique extrêmement riche et intéressant, Vers la cohabitation apparaissant aussi, par-delà la réflexion sur
le rapport israélo-palestinien, comme un livre important de philosophie et de
philosophie politique et éthique.
Répétons-le :
si Butler indique parfois de façon explicite les solutions qui lui paraissent
préférables, son livre ne se présente pourtant pas comme un ensemble de
recettes qu’il suffirait d’appliquer pour faire cesser d’un coup le conflit
israélo-palestinien. Vers la cohabitation
a essentiellement pour finalité de rendre pensable la cohabitation entre
Palestiniens et Israéliens, de réfléchir aux conditions de possibilité d’une
telle cohabitation – la réflexion développée par Butler, à la fois théorique et pratique, visant surtout à permettre
une critique de la politique israélienne, critique développée d’un point de vue
juif et non antisémite en s’efforçant de répondre à la question : comment
penser le présent et agir au présent ? Les conditions de cette
cohabitation, donc d’une politique inclusive, sont indissociablement politiques
et éthiques, Butler développant ici une philosophie politique inséparable de
l’éthique, et nécessitent la refondation d’une éthique juive qui a pourtant
vocation à valoir pour d’autres que les populations juives : d’une part
parce que cette éthique concerne le rapport à ces autres, d’autre part parce
que ses maximes possibles peuvent être reprises, transposées, « traduites »
et reconnues par d’autres. Si, pour que les conditions de la cohabitation
soient possibles, il est nécessaire de distinguer la judéité du sionisme, cette
distinction n’a de sens qu’à partir d’une reconnaissance éthique nouvelle et de
la critique de l’Etat-nation, cette critique de l’Etat-nation et tout ce
qu’elle implique comme questionnement et déconstruction nécessaires – examen
critique du nationalisme, de l’identité nationale, de la notion de peuple ou de
frontière, du recours à la violence légitime par l’Etat, etc. – pouvant
également servir de directions pour une réflexion qui ne concernerait pas que
le rapport entre Israéliens et Palestiniens. En ce sens, ce livre de Judith
Butler se présente effectivement comme un livre important de philosophie
politique et éthique puisqu’il engage la déconstruction – déconstruction déjà
initiée par Butler dans ses autres textes – et la refonte d’une grande partie
de ce qui fonde aujourd’hui la pensée éthique et politique et empêche le refus
que certains revendiquent la Terre pour eux seuls.
Jean-Philippe Cazier
Je promets que si quelqu’une raconte une histoire, à quelqu’une autre, comme quoi, par exemple, la pensée spéculative faisait craquer très fort les lits à lattes de Kant, Hegel, Whitehead. Je promets que je peux raconter, moi aussi, du fait d’une courbe nullement inversée en cette fin d’année 2013, compte tenu qu’on avait promis qu’elle le serait, je peux raconter, dis-je, que je préfèrerais ne pas porter sur mes épaules, certes, larges, mais quand même, ne pas porter en l’année 2O14 qui sera là tout à l’heure, sur mes épaules, ne pas porter la minorité d’une voix agissante. Performatiive, si on aime à l’entendre d'une austiniènne oreille. J’ai presque peur d’une humoriste qui progressivement nage dans une sorte de piscine grecque, et capillotracte à l’envers, tire dans l’enfer du bas, les milles et un cheveux-poils du bon sens.
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