dimanche 6 décembre 2015

Mensonge et générosité / François Noudelmann





«En s’adressant à notre rationalité la philosophie nous masque les ressorts psychiques à l’oeuvre dans ses thèses. Nous prenons pour du cristal les constructions théoriques et croyons d’emblée à une transparence entre la personne du penseur et l’auteur qui énonce des vérités.»

François Noudelmann, Le génie du mensonge.

«Durant les jeunes années on vénère ou on méprise encore, sans cet art de la nuance qui fait le meilleur bénéfice de la vie, et plus tard, il va de soi que l’on paye très cher d’avoir ainsi jugé choses et gens par un oui et un non. Tout est disposé de façon à ce que le goût le plus mauvais, le goût de l’absolu, soit cruellement bafoué et profané jusqu’à ce que l’homme apprenne à mettre un peu d’art dans ses sentiments et que, dans ses tentatives, il donne la préférence à l’artificiel, comme font tous les véritables artistes de la vie.»

Nietzsche, Par delà le bien et le mal.



    Le constat est en passe de devenir un lieu commun, à moins que l’évidence ne soit d’ores et déjà inscrite à la manière d’un spot clignotant au creux de toute conscience ici et maintenant, même si, en dépit de cette certitude, il reste possible de faire comme si rien n’avait profondément changé: nous vivons dans un monde complexe. Qu’on l’éprouve par l’assomption ou le déni, qu’on la théorise ou qu’on l’expérimente au jour le jour sans trop se poser de questions, cette complexité fait notre lot commun pour autant que nous participions tous au milieu réticulé devenu, en assez peu de temps, notre seconde nature (1). Mais il n’y a pas que le «monde» ou ce qui en tient lieu qui doit être reversé à une complexité constitutive et non seulement accidentelle ou passagère. La pensée, d’hier ou d’aujourd’hui, comprise comme activité éminente, peut et doit être aussi abordée sous l’angle exigeant d’une diversité dont l’écheveau défie a priori toute entreprise de réduction à quelques principes ou axiomes pouvant le dissoudre à défaut de le résoudre. Il est bien sûr tentant, et ce avec les meilleures intentions pédagogiques du monde, de traiter le  fonctionnement psychique, en l’occurrence celui des philosophes d'importance, en le résumant sous la bannière mnémotechnique de quelques formules immédiatement disponibles pour la communication. Cette réaction face à quelques sommets de la production conceptuelle trouve sa pleine légitimité si l’on accepte de reconnaître qu’on ne peut lire, penser et éventuellement écrire, bref ainsi vivre sans un minimum de confort. A ce titre, avoir pour viatique quelques ready made philosophiques est parfois bien utile. Ce n’est pourtant pas la voie qu’a choisi François Noudelmann dans son dernier livre intitulé Le génie du mensonge (2) en menant une captivante et rigoureuse enquête sur les liens qui existent entre les discours rendus publics par les philosophes et ce qu’ils peuvent vivre par ailleurs ou penser par devers eux. Ce travail révèle des enjeux qui dépassent la redoutable question du rapport supposé réglé qui doit exister entre la théorie et la pratique, l’existence publique et la vie privée voire intime, ce qu’on dit et ce qu’on fait ou ce qu’on est censé faire ou devoir faire. Un concept honteux, comme on le dit de certaines maladies, est au cœur de ce cheminement qui nous donne à voir, plus précisément à entendre (3) une autre voix, un autre ton que celui auquel une certaine tradition universitaire (et médiatique) nous a accoutumé concernant des figures de la pensée aussi impressionnantes que celles de Rousseau, Kierkegaard, Sartre et Beauvoir, Foucault et  Deleuze ou encore Lévinas  — ce concept est celui de mensonge.

    Le mot devenu fameux de Spinoza selon lequel il faut apprendre à ne « pas tourner en dérision les actions des hommes, à ne pas pleurer sur elles, à ne pas les détester, mais à en acquérir une connaissance vraie »(4) prend sous la plume de F. Noudelmann toute sa mesure puisqu’en effet il ne s’agit pas à proprement parler d’un éloge du mensonge et encore moins de sa condamnation en règle; le mensonge est abordé de façon résolument a-morale afin d’en analyser «les logiques inventives»(5). Il faut cependant tout de suite associer à ce principe méthodologique qui privilégie l’objectivité un autre principe, plus subjectif celui-là, à savoir une forme rare de générosité(6) qui permet à l’auteur de montrer en quoi les œuvres des philosophes concernés sont indiscutablement de puissantes productions de l’esprit humain qui parfois même touchent au sublime. Autant dire qu’il s’agit avec ce livre d’un subtil «exercice d’admiration» adressé à la philosophie qui maintient la réflexion sur une ligne de crête périlleuse en évitant deux tentations inversement symétriques: ne surtout pas tomber dans le précipice du lecteur systématiquement irrévérencieux, toujours à la recherche minable de ce qui gît dans la poubelle existentielle des philosophes(7); à l’inverse, ne pas verser dans l’outrance opposée qui, avec l’exaltation du lecteur pressé, voit en tout «grands» philosophes le héraut de l’immoralisme que ce même lecteur appelle de ses vœux et projette compulsivement sur la vie et l’oeuvre (8). 
   
    Dans une langue d’une appréciable clarté, parfois avec humour et même à l’occasion avec une pointe d’ironie, François Noudelmann ose formuler des questions que la bienséance institutionnelle s’interdit (et parfois interdit tout court) de poser. Ce manque d’audace pour ne pas dire de courage mâtiné de saine naïveté est regrettable dans la mesure où il produit, comme on le constate en lisant ce Génie du mensonge, au moins trois bénéfices. Le premier permet de mieux comprendre ce qu’est faire de la philosophie; le second favorise une intelligence inédite de telle ou telle œuvre; le troisième, non le moindre, affermit le plaisir pris à la lecture d’un auteur qui ne cède en rien sur les exigences intrinsèques à l’exercice de l’enquête conceptuelle et psychologique. «Qui sommes-nous lorsque nous pensons? Nous-mêmes ou quelqu'un d’autre?»; «Mais, au fond, pourquoi y aurait-il moins de fabulateurs chez les philosophes que dans toute une population?»; «Un vertueux a-t-il à ce point besoin d’exhiber la vertu?»; «Comment et quand un concept devient-il rayonnant pour la pensée d’un auteur et sa diffusion?»; «Pourquoi désire-t-on la vérité?»(9). Ces questions provoquent d’abord un effet de sidération, avec bien d’autres elles peuvent sembler candides ou déplacées au regard des demi-habiles de la philosophie qui s’imaginent avoir dépassé ce stade infantile du questionnement. C’est pourtant avec ce genre de questions, qui signent comme la résurgence autant que le maintient d’une part d’enfance philosophique au sein même d’une maturité bien informée, que Noudelmann parvient à nous embarquer dans la fabrique psychique de quelques oeuvres philosophiques incontournables et nous aide, ce faisant, à les mieux comprendre. En interrogeant «l’investissement psychique»(10) des auteurs d’une tradition qui commence avec Rousseau, mais qui pourrait s’appliquer en droit sinon en fait à l’ensemble des philosophes, le lecteur pénètre dans un curieux espace à la géographie filandreuse. Le Kampfplatz n’est pas exclusivement là où Kant le situait, au dehors, dans la morne plaine de l’histoire de la métaphysique, il est aussi bien au dedans, logé dans les tréfonds de la vie intérieure des grands auteurs. Dans «l’espace du dedans» de la psyché des philosophes, ce ne sont pas nécessairement des systèmes conceptuels qui se livrent bataille mais des affects, des variations humorales, des désirs plus ou moins avouables, des idées obscures et confuses, des tiraillements de toutes sortes qui constituent la vie grouillante qui s’agite dans le bocal de nos têtes pensantes. Une conception de l’activité psychique qui renverrait à un matérialisme raffiné, pour ainsi dire maniéré parfois, se fait jour entre les lignes du livre de F. Noudelmann lorsqu’il analyse «la matière psychique des affirmations abstraites»(11). A le lire, on pourrait croire qu’il participe uniquement, certes avec circonspection et gratitude, d’une salutaire entreprise de démythification, or les choses sont si innervées par l’esprit de finesse que les œuvres envisagées en sortent davantage grandies, paradoxalement éclaircies. On peut bien observer dans son travail non pas «un scepticisme de principe»(12) mais ce qu’on voudrait appeler un geste sceptique, ce qui est tout autre chose et qui implique, conformément à l’étymologie, une qualité de regard qui examine avec soin, au deux sens de ce mots, la vie et les œuvres des philosophes sans pour autant en tirer des conclusions sceptiques au sens...dogmatique du terme, qui prendrait une option forte affirmant qu’il faut renoncer à la quête du vrai, un pas que F. Noudelmann ne franchit manifestement pas. Ce durcissement du jugement est incompatible avec les outils conceptuels qui lui permettent de mener son enquête jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au point où il peut écrire qu’«il n’est pire menteur que celui qui croit détenir la vérité, [et] il n’est pire individu que celui qui se dispense de la vouloir.»(13) Cette conclusion, assurément décisive, n’est peut-être cependant pas ce qui fait l’essentiel et le plus intéressant du livre; nous allons y revenir, mais arrêtons-nous d'abord un instant sur les «influences» qui permettent à l’auteur de déconstruire aussi brillamment ce qu’il est convenu d’appeler le mensonge.
    Pour aller au nerf, on dira que Noudelmann applique, en toute connaissance de cause et au plus juste, le meilleur de l’héritage de ceux qu’on a appelé jadis «les maîtres du soupçon», principalement ici Nietzsche et Freud, eux-mêmes dignes héritiers des moralistes français, La Rochefoucauld en tête, pour scruter ce qu’il en est du mensonge entendu «comme une fiction transformatrice» (14) qui tout à la fois abuse, tente, taraude et inspire les candidats à la sagesse. C’est toutefois dans un esprit en sympathie avec Derrida qu’il écrit ces lignes si caractéristiques de la spécificité de son livre: «La construction d’une oeuvre théorique en contradiction avec la vie menée par son auteur laisse des traces de cette tension dans son écriture. Elles forment des cicatrices qu’un lecteur attentif peut déceler à même le texte en y repérant soit des bizarreries, soit une perfection suspecte. Le mensonge procède par coutures qui témoignent d’un raccord difficile entre vérités et contre-vérités.»(15) En pratiquant ce qu’en d’autres temps on aurait appelé une «lecture symptomale» doublée d’une attention pragmatique au ras de la vie des philosophes,  François Noudelmann prend le risque de s’engager dans une discipline qui n’a pas toujours eu les faveurs de la philosophie, à savoir la psychologie(16). Mais il y a «psychologie» et «psychologie»; il y a ceux qui font de la psychologie de bazar médiatique  (à laquelle on peut, à tout prendre, préférer celle de comptoir, possiblement moins triste), et puis ceux qui, dans le sillage des références mentionnées plus haut, pratiquent la «psychologie des profondeurs», celle qui, sans garantie aucune, met en action les principes méthodologies (technique et éthiques) qu’on a rappelé afin de questionner, entre autres, «toutes les ruses employées au cœur du langage»(17). Cette voie-là ne donne pas une version tabloïde de l'existence philosophique mais, toujours magnanime, dispense la forme exigeante du nouveau.

    La nouveauté vient d’abord de l'exposition d’un tout autre concept de mensonge et, par suite, d’une manière fort différente de penser la vérité. Il ne faudra désormais plus se contenter d’une paresse intellectuelle, cet envers grossier du confort des pharisiens, qui rabat le mensonge sur la seule faute (morale s’entend). A cet égard, en bon classique, François Noudelmann, allant du sémantique au conceptuel, part d’un vocable ordinaire pour en donner une version enrichie par la patience de sa réflexion. Le mensonge «désignera, dans cette nouvelle approche, le nouage entre des vécus  — identifiés par des moments, des affects, des tendances  — et des productions verbales.»(18)  Mais il y a plus, puisque, on l’a dit, c’est aussi la vérité qui est emportée dans cette refonte conceptuelle. «Reste à admettre, écrit Noudelmann, cette idée si contraire à la morale commune: une vérité peut venir d’une intention mensongère! L’adéquation entre soi et ses paroles doit être reléguée aux mythologies de l’unité.»(19) Ce n’est pas dans les termes d’une dialectique stricto sensu du vrai et du faux qu’il faut comprendre ce nouveau rapport mais davantage à travers le schème d’une drôle de danse entrainant le vrai avec le faux dans une curieuse sarabande, un jeu de masques et de rôles qui peut aller jusqu’à rendre vérité et mensonge, à la limite, indiscernables, toujours tendanciellement indécidables. Figurez-vous un Sherlock Holmes, fin lecteur de Nietzsche, chaussé des lunettes du docteur Freud et vous aurez une version imagée d’un auteur pour lequel la vérité prend parfois des atours borgésiens.

    «Tension et articulation» sont les maîtres-mots qui définissent l’essentiel de ce qui se trame dans la tête et les profondeurs du corps des philosophes éminents. Les «tensions psychiques» font la vitalité du sujet philosophant, ce qui induit, un peu comme chez Leibniz, une inquiétude féconde accompagnée d’un «pathos de la vérité»(20) qui, une fois reconnu, jette un sérieux doute sur la prétention à exhausser l'activité philosophique jusque dans l'empyrée de la raison pure désaffectée de tout intérêt littéralement pathologique. Tout le mérite, la grandeur mais aussi le charme si spécifique aux gens de philosophie vient précisément de l'énergie disciplinée qu’ils mettent en branle pour articuler de diverses façons ces tensions vitales (là encore, dans les deux sens de cet adjectif). Il leur faut articuler entre elles ces tensions, les articuler aussi avec leur existence au quotidien (comme tout le monde), les articuler enfin avec leur œuvre en cours, à venir ou passée afin de vivre encore et de philosopher — tout au moins de s’y efforcer. Ce qui rend le livre de F. Noudelmann si stimulant, c’est qu’il montre comment  — en s’arrêtant le temps qu’il faut sur des textes de nature très hétérogène — les multiples modalités du mensonge, principalement le mensonge qu’on nourrit à l'égard de soi-même, sont sources de créations conceptuelles. En ce sens, il n’est pas exagéré d’avoir convoqué la notion de «génie» dans la lettre même du titre du livre. Il faut y entendre toute la richesse sémantique que draine ce mot qui renvoie à la fois à la force créatrice, à ce don qui favorise l’avénement de l’inédit, qui fait signe aussi vers la folie toujours possible, le dérèglement tantôt heureux tantôt catastrophique des facultés, qui convoque aussi bien la prodigalité sans mesure comme double de la vie, générosité du génie, genos du mensonge comme autre nom pour dire le processus de création.
   
     Dans cette perspective, on sera sensible aux nombreuses occurrences qui opèrent un rapprochement entre création littéraire et création philosophique, à tel point qu’on pourrait parfois se dire que finalement la philosophie pourrait bien être un genre très singulier, en un sens monstrueux, de littérature (quoique cette proposition mériterait d’être strictement renversée). Les philosophes aussi inventent, imaginent, «apportent leur corps», bref fictionnent ou fabulent, souvent sans se l’avouer, tout en raisonnant et en visant le vrai, ou plutôt un vrai. «Si la littérature produit des fictions vraies, la philosophie, elle, présente des «vérités fictives» (21). Assurément écrire et penser n’est pas rien faire mais consiste à poursuivre sa vie par d’autres moyens, en abordant à l’occasion les rives fascinantes de la pensée schizoïde quand, pour continuer, il faut devenir un autre tout en restant en quelque façon soi-même. Comment alors encore douter que nous soyons  plusieurs? Dans ces conditions, on peut avec F. Noudelmann soutenir que le mensonge, entendu comme matrice de fictions théoriques, est un moyen pour continuer à se créer soi-même en s’inventant, en reprenant par les artifices de l’élaboration scripturaire(22) ce qui est toujours déjà à l’œuvre dans la vie dite «ordinaire»: mentir pour s’écrire et se (re)construire afin de sentir encore une fois le grand vent du conatus souffler de nos entrailles à notre cervelet, tel Rousseau qui, modèle du genre, «remplace l’action par l’écriture.»(23)

     En nous rendant sensibles à cette autre approche de la vie et des doctrines des philosophes illustres, François Noudelmann nous donne moins à voir une autre image de la pensée et de l’existence qu’il nous fait entendre un autre ton, d’autres voix jusqu’alors inouïes. Aristote nous a appris à ne pas confondre les attendus de la phônê avec ceux du logos, or le Génie du mensonge, en privilégiant avec beaucoup de perspicacité un paradigme musical(24) dans sa lecture-entente des textes, suggère qu’il existe comme une intrication ou  un chiasme des deux registres expression qui permet à l’oreille affutée de percevoir le timbre spécifique de chaque auteur, à même son écriture qu’il est possible alors de  «déchiffrer comme une partition.»(25) Une sorte de psychanalyse philosophique attentive à la «petite musique»(26) des penseurs laisse ainsi venir à la surface les profondeurs de leur idiosyncrasie, celle-ci joue parfois des airs dont les accents ne sont pas toujours aussi mélodieux qu’on le voudrait; alors l’effort de lucidité nous oblige à reconnaître la dimension «tragique» qui gît dans toute recherche de la vérité(27).

    Est-il besoin de rappeler pour finir que l’auteur du livre dont on vient de donner un aperçu applique probablement à lui-même les réserves et les doutes qu’il a testés avec bonheur sur des philosophes de prédilection? «Qui parle lorsque je parle? Cette question pourrait être posée par toute personne qui se risque à prononcer des vérités. Mais l’affirmation, qu’elle prenne la forme de sentences ou d’arguments, donne au sujet l’impression qu’il fait corps avec ce qu’il dit. Et bien peu de philosophes seraient prêts à assumer une telle suspicion sur l’autorité de leur pensée, tant l’exercice de la raison repose sur la croyance en sa maîtrise, fût-elle acquise au prix de doutes méthodiques et de remises en cause logiques»(28). Prêtons à François Noudelmann suffisamment de générosité, comme il a su le faire à l'endroit des autres philosophes pour que, dans les lignes qu’on vient de citer, il se retrouve aussi lui-même; ne doutons pas qu’à l’instar de Hume, ce sceptique atypique qui doutait de ses propres doutes(29), l’auteur du Génie du mensonge reconnaisse la différence de potentiel qu’il a su suffisamment articuler pour nous donner à lire un ouvrage vivifiant dont la moindre des vertus n’est pas de nous rappeler, entre mélancolie et joie, que nous demeurons pour autrui et surtout pour nous-mêmes des énigmes, sphinx pathétiques et grandioses.


Olivier Koettlitz
                         

1.Cette complexité réelle a pour envers l’obsession fantasmatique de la transparence.
2 François Noudelmann, Le génie du mensonge, Paris, Max Milo, 2015. Noté dorénavant GM.
3 Nous reviendrons pour finir sur cette importance accordée à la dimension «sonore» des philosophies.
4 Spinoza, Traité politique, trad. C. Appuhn, Paris, GF Flammarion, 1966, p. 12.
5 GM, op. cit.,  p. 16.
6 Il est bon de lire ce conseil formulé p. 26, et de le garder bien en mémoire: «Un minimum de générosité s’avère nécessaire pour comprendre les oeuvres, les relire en les créditant d’un sens irréductible à une seule interprétation, quitte à les passer ensuite au tamis d’une lecture infidèle.»
7 Ce qu’on pourrait appeler une «lecture de charognard» comme il en existe, hélas, chez des auteurs en mal permanent de reconnaissance (on laisse au praticiens de l'inconscient de soin de diagnostiquer ce qui cherche ici à être compensé).
8 Cet autre travers, ou symptôme, est bien sûr tout à fait compatible avec le premier, les deux pouvant être perçus comme l’envers et l’avers d’une semblable hystérie.
9 Voir respectivement GM, op. cit., pp. 22, 26,  33, 179, 182.
10 GM. op. cit.,  p. 319.
11  GM, op. cit., 320; et p. 194: «La mise en relief d’une relation équivoque entre un penseur et ses concepts vise plutôt à interroger la matérialité psychique des oeuvres dites de l’esprit. »
12  GM. op. cit., p. 316.
13  GM. op. cit., p. 317.
14  GM. op. cit., p. 223.
15  GM. op. cit., p. 110.
16 On se souvient de la conférence de Georges Canguilhem, prononcée au Collège philosophique le 18 Décembre 1956 et publiée dans le n°1 de la Revue de Métaphysique et de Morale en 1958, intitulée «Qu’est-ce que la psychologie?», dont la dernière phrase est pour le moins significative d’une méfiance à l’égard d’une certaine façon de faire de la psychologie.
17  GM. op.cit., p. 110.
18  GM. op. cit., p. 106.
19  GM. op. cit., p. 111.
20  «Le pathos de la vérité» est le titre de la première partie du livre qui nous occupe.
21  GM. op. cit., p. 157. Et p. 117. cette déclaration audacieuse: «Les sujets qui énoncent des thèses philosophiques ne sont pas plus authentiques que les auteurs ou les narrateurs qui écrivent des romans.»;  p. 136. Noudelmann avance même le concept d’«autofiction théorique.»
22  Sur cette aspect de la question, on lira les pages pénétrantes que l’auteur consacrent aux fonctions de la pseudonymie chez Kierkegaard.
23  GM. op. cit., p. 124.
24 Rappelons que François Noudelmann est par ailleurs l’auteur d’un livre intitulé Le Toucher des philosophes. Sartre, Nietzsche, et Barthes au piano, paru chez Gallimard en 2008 et réédité en «Folio essais» en 2014.
25 GM. op. cit., p. 303.
26 A propos de cette «musicalité de la pensée», comme l’écrit joliment F. Noudelmann p. 313, on se permettra ici l’évocation d’un petit souvenir personnel: Pierre Macherey, dans le cadre d’un cours sur Descartes, nous avait conseillé, comme en passant, d’être «toujours attentif à la petite musique des philosophes.»
27 Sur cette dimension tragique et la solitude qui l’accompagne voir la conclusion du livre
28  GM. op. cit., p. 277.
29 Voir Hume, Traité de la nature humaine, Livre I, IV, 7, trad. d’A. Leroy, Paris, Aubier, 1962, pp. 356-366.

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